Le Centquatre présente « Julia », une pièce de Christiane Jatahy d’après « Mademoiselle Julie » de Strindberg, du 5 au 15 novembre 2014
Cent vingt-cinq ans après que Strindberg a tenté, avec « Mademoiselle Julie », de renverser l’ordre des rapports ancillaires, pour témoigner de l’impossibilité d’unir durablement des sexes de classes opposées, la Brésilienne Christiane Jatahy projette ses personnages, la nymphette Julia et le valet de son père, Jelson, dans la luxuriance d’une richissime propriété carioca. L’abîme qui sépare l’aristocrate blanche du domestique noir est plus profond que la piscine où ils ne s’ébattront jamais ensemble.
Au plus fort des rapports amoureux, les palpitations charnelles ne font qu’exacerber leurs différences d’expressions, les contradictions de leurs aspirations. La culture rappelle à l’ordre la supposée nature, pour la piétiner, la souiller, la détruire. Rien n’aurait changé depuis le siècle de Strindberg si un nouveau protagoniste n’était entré en scène: la caméra. À l’intelligence de la pièce et de la scène, Christiane Jatahy allie celle du cinéma, qui scrute les amants interdits au fond des prunelles. Un regard échangé ou refusé, un tremblement des lèvres, un frémissement de colère sont renvoyés sur de vastes écrans coulissants qui sont à la fois les réceptacles d’un proche passé et le lieu où le présent prend des proportions insurmontables. Vus sous cet angle, les incessants habillages-déshabillages de Julia et de Jelson y apparaissent comme autant de vaines tentatives de changer de peau, de se soumettre ou pas à l’âge de l’autre, à sa couleur, à sa condition sociale et au regard des spectateurs, dans la convention ou la mort.
À la fois réalisatrice et metteur en scène, la Brésilienne Christiane Jatahy conjugue les moyens du théâtre et ceux du cinéma. Avec sa compagnie Vértice de Teatro, elle imagine, hors des théâtres, des dispositifs originaux qui questionnent le rapport entre l’acteur et le public. « Julia » a été la révélation du Festival TEMPS D’IMAGES 2013. Passionnée par la perméabilité entre le réel et la fiction, cette artiste née en 1968 à Rio de Janiero mêle la confrontation théâtrale entre acteur et spectateur avec l’impact d’une image virtuelle véhiculée par le cinéma.Cette méthode qu’elle expérimente depuis 10 ans lui permet d’approfondir une réflexion sur les tensions véhiculées par l’affrontement entre la chair et l’immatériel. » Mademoiselle Julie » étant une pièce classique, la mise en scène à double tranchant de Christiane Jatahy lui permet de surpasser la règle des trois unités respectées à l’époque par August Strinberg. Aucun changement de décor, aucune entracte dans la pièce de base n’avaient été défini, la technique transcende ici les mots du dramaturge dont l’œuvre a été certainement influencé par ses questionnements sur la lutte des sexes et ses longues correspondances avec Nietzsche.
Artiste résidente au Centquatre, à l’origine de la compagnie Vértice de Teatro, Christiane Jatahy interroge avec Julia et ses précédents travaux le processus de création d’une œuvre. Par sa volonté de la révéler de la manière la plus brut et honnête possible, elle projette notamment des images tournées en direct sur la scène, comme une nouvelle forme d’expressionnisme, où la violence émanerait de la multiplication des points de vue, mouvement dont August Strinberg fut par ailleurs le pionnier.
Informations Pratiques:
Le Centquatre
5 rue Curial
75019 PARIS
Tel:01 53 35 50 00
www.104.f
« Julia »
Du 5 au 15 novembre 2014
Les 5, 6, 8, 11, 12, 13 et 14 novembre à 21h
Et les 9 et 15 novembre à 16h
Date / Heure
Date(s) - 05/11/2014 - 14/11/2014
21.00.
Emplacement
Le CENTQUATRE-PARIS
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